EZ3kiel

Six ans après Battlefield, les Tourangeaux présentent leur nouvel opus studio dix titres. LUX est synonyme de flux lumineux par unité de surface… et de la lumière, il n’en manque pas sur scène avec le Magic Screen, un concept visuel basé sur 48 projecteurs rotatifs ! Rencontre avec Joan Guillon aux guitare/machines et Sylvain Goubert à la basse avant leur concert à La Cigale dans le cadre du MaMA Festival.
Comment avez‐vous réalisé ce nouvel album ?
Joan Guillon :
 Depuis les débuts d’EZ3kiel en 95, nous déléguons le mixage à Fred Norguet ingé‐son de Fumuj – NdlR), car c’est un boulot à part entière. À l’époque, on faisait nos maquettes sur cassette et c’est lui qui a réalisé tous nos albums. La nouveauté, c’est qu’on a investi un peu d’argent pour se construire une cabine d’enregistrement sur ses conseils dans notre local de répét’, qui est un vieux bâtiment pas du tout traité acoustiquement. On fait les prises sur Logic et on en discute. Pour les machines, j’envoie un prémix à partir d’une interface Metric Halo. À la fin, Fred fait le mixage sur Digital Performer et pour LUX ça s’est passé en partie à Blois et à Suresnes au Redroom Studio chez un ancien pote qui était au lycée avec nous.
Sylvain Goubert : Fred n’est pas qu’un mixeur, il nous bouscule et joue aussi un rôle de directeur artistique. On en a vraiment besoin car quand on a fait des tentatives avec d’autres personnes on s’est rendu compte que ça n’allait pas assez loin dans l’implication et dans l’échange.De quand date la présence des machines sur scène ?
Joan : J’ai acheté un sampler, un Atari et une groove box grâce à la cueillette des pommes en 97… on a travaillé ensuite sur des synthés et des échantillonneurs jusqu’à aujourd’hui. On a voulu changer parce que ça « typait » pas mal le son d’EZ3kiel et à présent il n’y a plus qu’un ordi, Maschine de NI et des VST en live pour plus de flexibilité, mais on fait beaucoup de re‐amp en prenant des synthés qui repassent dans des amplis ou directement dans la sono avec des micros devant pour obtenir du grain, on a beaucoup « re‐ampé » sur LUX.Quel serait le style de LUX ?
Sylvain :
 Il y a sûrement une couleur un peu plus rock ou post‐rock, qui vient du fait qu’à la base, on s’est dit qu’on voulait faire un album vraiment joué pour se libérer au maximum des contraintes liées aux séquences.
Joan : C’est vrai qu’avant on utilisait un séquenceur hardware Roland qui envoyait des MIDI files dans les générateurs. Du coup il fallait tout réécrire en MIDI, tout redécouper, un enfer… c’est beaucoup plus simple à présent dans Logic !

Il y a aussi un scoop sur cette tournée, pouvez‐vous nous en parler ?
Joan :
 Yann Nguema qui s’occupe de la partie visuelle et du graphisme voulait sortir du cadre de l’écran derrière les musiciens qu’on a beaucoup utilisé et il a monté avec notre éclairagiste Arnaud Doucet un concept à base de 48 projecteurs MagicPanel, disposés sur une matrice et qui tournent sur plusieurs axes. Yann les gère à partir d’un soft qu’il a créé et simultanément Stef (Stéphane Babiaud) à la batterie peut aussi déclencher des séquences de lights à partir de ses pads.

Comment voyez‐vous l’existence du disque à l’heure de la dématérialisation ?
Joan :
 EZ3kiel vit et s’est fait connaître grâce aux concerts, on a commencé dans les bars et l’album n’a toujours été qu’un prétexte pour partir en tournée. On adore le studio mais on ne sortirait plus d’album sans concerts. Notre musique est conçue par rapport à un album complet et c’est la première fois qu’on réalise un single, ce qui nous avait toujours semblé aberrant par le passé, même si « Anonymous » sort un peu du lot avec le featuring de Pierre Mottron au chant. De même, on n’a jamais fait de clip… on n’a pas assez de thunes, c’est aussi simple que ça !

Vous êtes un peu comme ces Japonais qu’on a retrouvés sur des îles après la guerre et qui ignoraient qu’elle était finie ?
Joan (Rires !) :
 C’est l’histoire d’EZ3kiel qui veut ça. Dans les années 90, pour toucher les gens, il fallait transpirer, pas tourner un film ou faire un EP, on n’a pas cette culture. C’est vrai qu’actuellement, il y a beaucoup moins de bars qui proposent des groupes et, dans les salles, c’est un peu toujours les mêmes qui jouent !

LUX [Ici d’Ailleurs]
LUX [Ici d’Ailleurs]