Inasound, les 8 et 9 décembre, Électro au cœur du CAC 40

 

Ce premier festival organisé par l’Ina avec le Palais Brongniart, Inasound, devrait accueillir entre 3 000 et 6 000 personnes sur deux jours, les 8 et 9 décembre à la Bourse de Paris. Un week-end complet consacré à la culture électro sous toutes ses formes : musique, expositions, arts visuels, fooding…

Par Thierry Demougin

 

KR est partenaire de Inasound et proposera son exposition Xhibition sur l’histoire des synthétiseurs qui ont fait le son des musiques électroniques mais aussi un Electro Workshop avec la présentation des derniers synthés à la mode. 

 

 

C’est une première dans un format assez innovant. C’est aussi un pari de réunir tous les publics et acteurs de la musique électronique aussi différents soient-ils… Tout a été imaginé pour que le public puisse venir passer une journée complète au festival de 11 h du matin jusqu’à 1h30 le soir. Trois billetteries ont été mises en place. Sept euros le jour pour les plus de 16 ans, un Pass Soir à 30 € (permettant aussi l’accès à la journée) et le Pass Week-end à 50 € pour la totale.

Pour en savoir plus nous avons rencontré Bertrand Maire, directeur adjoint de la Communication, en charge du service de Communication externe et du Pôle Numérique.

Pour nos lecteurs, pouvez-vous nous éclairer sur les missions de l’Ina ?

Bertrand Maire : L’Ina, c’est l’Institut National de l’Audiovisuel. C’est l’une des trois grandes structures du service public avec Radio France et France Télévisions.

Notre mission est de sauvegarder le patrimoine audiovisuel et de le transmettre comme u

Bertrand Maire

un nouvel objet de culture et de savoir. Notre mission régalienne est d’enregistrer 24 h sur 24 les 100 chaînes qui émettent en français, 50 stations radio et les 15 000 sites web à dominante médias. Tout cela constitue ainsi un patrimoine numérique. En parallèle, fin 2019, nous aurons numérisé toutes les archives audiovisuelles qui sont sur bande (type ORTF). Dans moins de deux ans, l’Ina fera de la France le premier pays au monde à avoir tout son patrimoine audiovisuel en numérique sur des serveurs. Nous sommes un EPIC et nous exploitons également les fonds commercialement. Le inamediapro.com propose 2 millions d’heures d’archives de télévision et de radio que nous commercialisons pour tous les réalisateurs, producteurs ou créateurs de contenu qui ont besoin d’images et de sons pour des documentaires, de l’info, du web, du cinéma… Hormis nos accords avec France Télévisions et Radio France, nous exploitons des mandats privés comme les 24 Heures du Mans, Roland-Garros, Thierry Ardisson… Nous sommes également producteur avec environ 60 documentaires par an à vocation culturelle sur la base de nos archives. Nous éditons aussi des coffrets CD et DVD mettant en scène des personnalités ou des phénomènes de culture et nous avons lancé InaPremium, notre service SVOD sur lequel on peut retrouver une programmation unique de séries, documentaires et programmes cultes de la télévision française. Enfin, ina.fr, qui est notre expérience grand public, lancé en 2006, est à présent une plate-forme de contenu référente, avec 45 millions de vidéos vues par mois, 1 million de fans sur Facebook. Une grosse machine de diffusion de contenus audiovisuels qui a beaucoup évolué, touchant aujourd’hui un public de plus en plus jeune et qui a réinscrit l’image d’archive dans le paysage audiovisuel global.

De plus, nous gérons un centre de formation à tous les métiers de l’audiovisuel, soit un gros catalogue de 450 formations sur ces métiers, et nous avons intégré il y a plus de dix ans maintenant Ina Sup, l’école des métiers de l’audiovisuel et du patrimoine.

Nous parlons là de la division Ina Expert ?

Oui, c’est la Direction de l’enseignement et de la formation continue : formation initiale avec l’Ina Sup et continue avec Ina Formation. Cet ensemble de formations continues s’adresse à environ 5 000 professionnels tous les ans qui viennent à Bry-sur-Marne. Elles se destinent aux intermittents du spectacle, professionnels du numérique, de la communication ou des médias pour améliorer des compétences particulières en matière d’audiovisuel. Cela peut aller de la prise de son à l’écriture web en passant par la captation, etc. Les domaines sont très larges.

Pouvez-vous nous parler d’Ina GRM ?

Diedo Losa de l’Ina GRM.

Ina GRM, le Groupe de Recherche Musicale, avec pour père fondateur Pierre Schaeffer, a été intégré à l’Ina en 1974 au moment où l’ORTF a été dissoute au profit de la création de FTV, Radio France et l’Ina. Le GRM représente les fondations de l’Ina sur la musique électronique, puisque ce sont les premiers à avoir sculpté le son, un travail mené à base d’électricité puis d’électronique. Outre Pierre Schaeffer, le pionnier de la musique électronique, on peut citer pour les plus connus d’autres figures mythiques comme Pierre Henry, François Bayle… Aujourd’hui, notre réflexion culturelle autour d’Inasound est de permettre à l’Ina de faire un véritable lien global culturel entre les pères fondateurs du GRM et la nouvelle scène électronique. Jean-Michel Jarre, formé à l’Ina, en est le plus célèbre ambassadeur. Nous avons dans le même temps mené ensemble une réflexion collégiale pour créer Inasound, notre expérience globale de musique électronique. L’ensemble des équipes de l’Ina, Ina GRM en tête, sera mobilisé pour la préparation d’Inasound. Lors de l’événement, nous investirons aussi trois lieux, proposant une programmation permanente représentant l’ensemble des courants de la musique électronique. Ina GRM proposera au public de découvrir l’Acousmonium, un jardin d’enceintes installé dans le grand salon du Palais Brongniart pour une expérience immersive qui fera le lien entre la musique concrète et la nouvelle scène électronique.

« Inasound, c’est la rencontre de ce qu’est la projection de l’Ina dans la musique électronique et ce qu’est la projection de la musique électronique dans le futur. »

 

Comment s’est passée la rencontre avec Jean-Michel Jarre ?

Tout d’abord, Jean-Michel Jarre a été nommé président d’honneur d’Ina GRM par notre président, Laurent Vallet. C’est certes une posture honorifique, mais c’est aussi le témoignage fort de notre estime et d’une relation très concrète avec Ina GRM. J’avais déjà reçu Jean-Michel lors d’un événement au Palais de Tokyo, une première expérience qui mélangeait Ina GRM et la nouvelle scène électronique. Rencontrer Jean-Michel donne de l’énergie, on a la chance de travailler, réfléchir, cogiter avec un musicien qui a cinquante ans de création de musique électronique derrière lui, c’est assez unique et très stimulant.

Pouvez-vous nous présenter le concept Inasound ?

Nous avons créé Inasound qui intègre tous les enjeux de la musique électronique et qui sera au carrefour de tous les savoir-faire de l’Ina : la formation, la technologie, le digital, l’image… Aujourd’hui, il n’y a pas de musique électronique sans créations visuelles, ces artistes sont étroitement liés à l’image, souvent producteurs de leurs clips, adeptes du mapping, des shows visuels et des arts numériques… Il y a d’ailleurs pour nous de nouvelles formations à envisager, car de nouveaux métiers naissent de ces échanges. Un producteur de musique électro a aujourd’hui une vision très globale. Il est obligé de maîtriser plusieurs compétences pour réussir dans son métier et émerger.

Lancer un festival comme Inasound est un gros engagement pour nous. Dans un audiovisuel public qui se réinvente, nous avons l’ambition de proposer un vrai rendez-vous autour de la musique électronique incarné par l’Ina. La musique électronique sera le prisme global au travers duquel nous essaierons avec Inasound de traduire les influences. Bien sûr, il y aura les lives et DJ sets, mais aussi : projections, docu concert, expérience VR, art numérique, ateliers pour les enfants, expositions, fooding, électro brunch, place de marché, hackathon créatif avec la Sacem… Autant d’initiatives qui mettront en avant la relation entre l’électro et toutes sortes de formes de créations. Nous créerons par ailleurs un dialogue entre rappeurs et compositeurs de musique électronique souvent enfermés dans des genres qui ne communiqueraient pas. Toutefois, ils utilisent des outils de création qui sont communs. Il y a des passerelles d’influence. C’est aussi la mission de l’audiovisuel public de prendre du recul, de ne pas se figer dans des concepts et d’ouvrir des perspectives…

Pourquoi le choix du Palais Brongniart, qui est un lieu assez atypique pour ce genre de festival ?

Tout d’abord, le Palais Brongniart est co-producteur de l’événement. Pour incarner l’Ina et créer un rendez-vous accessible à tous, Laurent Vallet et nos équipes souhaitaient un lieu au centre de Paris facilement accessible en métro. Il fallait aussi un lieu atypique et innovant, un lieu qu’il puisse être facile de s’approprier intelligemment. Mathieu Roux, DG du Palais Brongniart, et ses équipes ont relevé le challenge avec nous. C’est aussi bien sûr un pari d’imaginer ce grand écart amusant entre les marchés de la bourse et de la culture électro. Le Palais Brongniart, géré par les équipes de GL Events, est un endroit qui a des enjeux techniques, technologiques et d’innovation qui sont comparables à ceux de l’Ina. L’objectif est de totalement revisiter le Palais pour lui donner une dimension à 360 degrés et connectée. C’est aussi un challenge technologique, car l’architecte de ce Palais, qui l’a achevé en 1825, n’avait pas prévu que des DJ viendraient mixer plus d’un siècle après dans une grande nef de 22 m de haut au sol en parquet d’époque. La réverb naturelle qui en résulte doit être traitée, et toutes sortes d’aménagements sont à imaginer.

Le dimanche de 10 à 15 h, le Palais Brongniart va se mettre au rythme des enfants. Pour nous, il est important que la formation et la transmission des savoirs touchent la plus jeune génération, avec cinq ateliers autour de la découverte et de la création sonores. Un artiste sera aussi sur scène pour présenter les instruments classiques mais également électroniques, et composer en live une œuvre à destination des enfants. Dans l’auditorium, une programmation sera aussi dédiée aux enfants, avec un électro brunch pour les parents. C’est également une façon innovante d’allier musique électronique et transmission par ces parties ludiques.

Pouvez-vous nous expliquer le concept du projet Hackathon ?

C’est un partage avec Rinse et le magazine Trax, deux de nos partenaires, et la Sacem. L’idée est d’enfermer virtuellement six duos de jeunes créateurs qui seront accompagnés par des mentors éclairés. Ils auront 48 heures pour produire une œuvre musicale et mettre en musique 3 minutes de production audiovisuelle à base d’archives. Ils interpréteront leur création le dimanche soir devant Jean-Michel Jarre et son jury. Le lauréat sera ensuite accompagné en 2019 dans la professionnalisation de sa démarche par l’Ina et la Sacem.

Quels autres espaces visiterons-nous durant Inasound ?

À l’entrée, vous serez accueillis par une exposition de l’artiste « Photographe », Linda Bujoli, une expo connectée et une création unique installée sur les grilles du Palais Brongniart évoquant les artistes du GRM et de la scène électro d’Inasound. Nous présenterons une expérience de réalité virtuelle unique en France avec Floating Point, et un collectif fera une programmation électro-visuelle autour de la grande corbeille de la Bourse en permanence sur des écrans à 360°. Il y aura des masterclasses comme celles de NSDOS, Matt Black, membre du duo Coldcut et fondateur du label Ninja Tune. Laurent Garnier et Jean-Michel proposeront des rencontres avec le public. On accueillera également les membres de Radio 2.0, dont Xavier Filliol, pour une masterclass autour des émissions de radio orientées électro avec des animateurs phares, mais aussi la restitution d’une enquête sur la consommation de musique électronique en radio.

Autour de la Place des Marchés, officiera une dizaine d’entreprises innovantes du monde de la musique électronique et de la création sonore pour un Electro Market avec la présence de Yamaha, Diggers Factory, Native Instruments, Plugivery…

Avec KR, vous allez nous faire le plaisir et l’honneur d’animer un espace spécifique avec une exposition dédiée au matériel et aux instruments mythiques, mais aussi la mise en exergue des nouvelles machines et des synthétiseurs par des démonstrations. Nous sommes très heureux de vous avoir à nos côtés, parce que vous êtes l’un des acteurs-clés et identifiés du secteur.

Quels artistes pourrons-nous écouter ?

On trouvera un club permanent proposant une programmation DJ, forcément importante, ainsi que des lives d’artistes de premier plan comme Molécule, Danton Eeprom, La Fraîcheur, Jean-Benoît Dunckel (la moitié de Air) avec une création exclusive sous la forme d’un docu-concert incluant une performance vidéo autour d’un montage d’archives. NSDOS offrira une création spéciale. Clozee, artiste française très connue aux États-Unis, viendra faire son premier concert en France à Inasound avec FIP. Nous sommes très heureux d’accueillir sur la grande scène Kiddy Smile, la révélation électro de 2018, les Finlandais de Kiasmos, avec une électro extrêmement élégante et contemporaine, Erol Alkan, producteur mythique qui a remixé énormément d’artistes, mais aussi la jeune génération avec Pantheros 666, ou encore Coldcut, mythique fondateur du label Ninja Tune, qui peut être considéré comme l’inventeur du trip hop. Nous accueillerons également Sara Zinger, la lauréate du dernier BPM Contest, ainsi qu’une performance des trois finalistes de cette année avec le label Maquisards et la Sacem.

Parlez-nous de vos web séries électro ?

Nous lançons une nouvelle web série, « Electro Life… La vie en électro », produite par la direction de la communication. Cette série de vingt épisodes raconte l’influence de la musique électronique dans le life style sur la base des images de l’Ina. Ina.fr produit par ailleurs une web série de sept épisodes sur la création musicale électronique, et les documentalistes de l’Ina ont ressorti les pépites de télévision et de radio qui montrent combien la musique électronique est inscrite dans notre patrimoine français.

J’ajouterai pour conclure que la billetterie d’Inasound est en ligne et que les tarifs sont très accessibles ! Alors, n’hésitez pas à nous rejoindre les 8 et 9 décembre prochains au Palais Brongniart !

www.facebook.com/InasoundFestival

www.inasound.fr